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Glaucome : dépistage, traitement et connaissances

Le terme de glaucome couvre tout un groupe de pathologies différentes, qui ont en commun d’endommager le nerf optique. Cette maladie très répandue, qui provoque souvent la perte de la vision, affecte environ 800 000 personnes en Allemagne. Le risque de développer un glaucome augmente avec l’âge. Tout commence par une élévation de la pression intraoculaire, que l’on considère comme le stade avant-coureur du glaucome. Bien qu’il n’existe pas de moyen de guérir de cette maladie, un dépistage précoce est important pour faire baisser la pression intraoculaire et prendre des mesures préventives assez tôt. Cet article décrit les symptômes du glaucome, ses possibilités de prévention et les changements d'habitudes nécessaires pour vivre au quotidien avec un glaucome. 

L’article a été révisé par le Prof. Hans-Jürgen Grein

L'essentiel en deux mots:

  • Près de 800 000 personnes souffrent de glaucome en Allemagne, et beaucoup plus ont une pression intraoculaire élevée. 

  • Le glaucome est une maladie insidieuse, que les personnes affectées ne remarquent pas avant que le nerf optique soit endommagé et que le champ de vision rétrécisse. 

  • Des examens de prévention réguliers chez l’ophtalmologiste permettent de détecter précocement le glaucome. 

  • Certains changements d’habitudes, par exemple la réduction du stress, une alimentation saine et beaucoup d’activité physique, peuvent ralentir la progression de la maladie. 

  • La forme la plus courante du glaucome est incurable jusqu’à présent, mais il existe des médicaments et des gestes chirurgicaux qui permettent de freiner sa progression. 

Le glaucome : qu’est-ce que c’est ?

Le terme de glaucome couvre différentes pathologies oculaires, qui ont en commun d’endommager le nerf optique. On distingue, sur le principe, des formes chroniques et aiguës. Les glaucomes chroniques sont le plus souvent indolores et provoquent d’abord des lacunes dans le champ de vision (la zone que nous voyons sans bouger les yeux).

Ces « trous » dans le champ de vision ne se remarquent pas tout de suite, de sorte que la maladie peut continuer à progresser. L’acuité visuelle ne baisse qu’à un stade très avancé. Sans traitement, les glaucomes provoquent une détérioration irréversible du champ de vision, qui peut aller jusqu’à la cécité totale. Les glaucomes aigus sont très douloureux, au contraire, et doivent être examinés et traités de toute urgence.

Les glaucomes sont l’une des causes de cécité les plus fréquentes en Allemagne. La pression intraoculaire est le mécanisme central de la perte de vision. Elle est souvent élevée dans le glaucome, mais pas toujours. C’est elle qui endommage le nerf optique. De nombreux autres facteurs influent sur le cours de la maladie : hérédité, maladies systémiques, mauvaises habitudes de vie, etc. 

Comment se crée la pression intraoculaire ? 

Le globe oculaire contient un liquide transparent appelé humeur aqueuse, qui se renouvelle constamment et s’évacue dans l’angle irido-cornéen. Cette production constante de liquide crée une certaine pression, qui maintient la forme et la stabilité de l’œil comme le fait l’air qui gonfle un ballon. La pression intraoculaire peut être mesurée à l’aide d’instruments spéciaux.

La mesure de la pression est souvent effectuée en projetant un bref jet d’air sur l’œil. La pression est mesurée en millimètres de colonne de mercure (mmHg) et les valeurs normales se situent entre 10 et 21 mmHg. Dans le glaucome, la pression intraoculaire est souvent élevée.

Cependant, ce n’est pas parce que la pression intraoculaire est normale qu’il n’y a pas un glaucome, car certaines formes ne s’accompagnent pas d’une élévation de la pression.

Les principaux types de glaucome

Il existe différents types de glaucome qui diffèrent par leur cause, leurs symptômes et leur tableau pathologique, mais aussi par leur fréquence. Les principaux groupes sont les suivants : 

  • Glaucome à angle ouvert : le glaucome à angle ouvert est la forme la plus fréquente et représente 80 % des cas de glaucome. Il se développe lentement et les dégradations du nerf optique ne se manifestent souvent qu’au bout de plusieurs années, pour aboutir finalement à la perte de la vision.

  • Glaucome à angle fermé : le glaucome à angle fermé est beaucoup plus rare. Il se développe brutalement et provoque des symptômes importants. Il doit être traité immédiatement car il peut rapidement provoquer une grave baisse de la vision.

  • Glaucomes secondaires : les glaucomes secondaires sont la conséquence d’autres maladies ou altérations de l’œil, par exemple une inflammation, une blessure ou les effets secondaires d’un médicament.

  • Glaucomes congénitaux : les glaucomes de naissance sont très rares et résultent d’anomalies du développement des yeux.

Causes et facteurs de risque du glaucome à angle ouvert

Les causes et les facteurs de risque des glaucomes à angle ouvert, à angle fermé et secondaires sont fondamentalement différentes. En ce qui concerne le glaucome à angle ouvert, le plus fréquent, les facteurs de risque importants sont les suivants : 

Élévation de la pression intraoculaire 

Une pression intraoculaire élevée est considérée comme le plus important facteur de risque de développement d’un glaucome. Elle entraîne, à terme, une détérioration du nerf optique. Plusieurs millions de personnes ont une pression intraoculaire élevée en Allemagne. Dans près de 10 % des cas, cette élévation de la pression entraîne, à terme, la perte de la vision.  

Vascularisation 

Avec la pression intraoculaire, la vascularisation de l’œil joue un rôle déterminant dans l’atteinte du nerf optique. Les personnes ayant une tension artérielle très basse ont un risque accru de réduction du champ visuel.

Âge 

Le glaucome survient souvent à un âge avancé. Sa fréquence est particulièrement élevée à partir de 60 ans et le risque augmente avec l’âge. 

Antécédents familiaux

Les personnes ayant déjà des cas de glaucome dans leur famille ont un risque plus élevé de développer elles-mêmes un glaucome. On peut donc supposer qu’il y a une prédisposition familiale. 

Maladies

Plusieurs maladies peuvent accroître le risque de développer un glaucome, notamment les maladies cardiaques, le diabète ou l’hypertension artérielle. Il est important de traiter la pathologie de fond pour réduire le risque de glaucome.  

Mauvaises habitudes de vie

Activité physique insuffisante, alimentation déséquilibrée, surpoids, tabagisme et consommation d’alcool sont des facteurs de risque de nombreuses maladies, y compris de glaucome à angle ouvert. Ces facteurs favorisent le stress oxydatif des neurones du nerf optique, qui rend les fibres nerveuses plus vulnérables aux dégâts causés par la compression. De récents résultats de recherche suggèrent que les neurones du cerveau sont également affectés. Un changement d’habitudes peut freiner ces processus et réduire le risque.

Prise prolongée de corticostéroïdes 

La prise au long cours de corticostéroïdes (cortisone) peut augmenter le risque de développer un glaucome, notamment l’utilisation prolongée de collyres contenant de la cortisone. 

Causes et facteurs de risque du glaucome à angle fermé

Cette forme de glaucome est fondamentalement différente du glaucome à angle ouvert. Le facteur le plus important est ici l’anatomie du segment antérieur de l’œil.

Hypermétropie

Quand le globe oculaire est « court », comme dans l’hypermétropie, la chambre antérieure est souvent très peu profonde. Lorsque la pupille se dilate, l’iris se glisse dans l’angle irido-cornéen comme un rideau qui s’ouvre. Il peut alors fermer l’angle et bloquer complètement l’évacuation de l’humeur aqueuse (d’où le nom de glaucome à angle fermé). La pression intraoculaire augmente alors subitement et très fortement.

Âge

L’épaisseur du cristallin augmente progressivement au cours de la vie, de sorte que la profondeur de la chambre antérieure diminue de plus en plus. Si l’œil est très court, il peut en résulter des problèmes de place et un risque accru de glaucome, en particulier quand la pupille est dilatée.

Médicaments

Quelques médicaments ont comme effet secondaire de dilater les pupilles. Chez les personnes prédisposées, présentant certaines particularités anatomiques comme des yeux courts, cela peut accroître le risque de crise de glaucome. 

Symptômes et détection précoce des glaucomes

Les symptômes de glaucome sont aussi divers que les formes de la maladie.

Symptômes du glaucome à angle ouvert 

Le glaucome à angle ouvert, la forme la plus fréquente, est le plus souvent asymptomatique et indolore les premières années, de sorte que la personne affectée ne le remarque que rarement.

Le champ de vision ne commence à se dégrader qu’à un stade avancé de la maladie. Dans un premier temps, le cerveau compense les lacunes du champ visuel, ce qui ajoute une difficulté au diagnostic. Il faut des méthodes spéciales de mesure du champ de vision pour reconnaître les déficits.

La diminution du champ de vision n’a des conséquences dans la vie quotidienne qu’à un stade très avancé de la maladie. Cela peut être particulièrement dangereux pour conduire car les lacunes du champ de vision dont un conducteur n’a pas conscience peuvent considérablement augmenter le risque d’accident. Sans traitement, le glaucome à angle ouvert aboutit à la cécité. 

Symptômes d’un glaucome aigu (crise de glaucome) 

Un glaucome aigu se manifeste souvent par une crise de glaucome. La pression intraoculaire augmente pendant celle-ci jusqu’à quatre fois son maximum physiologique. Cette pression extrême comprime fortement les fibres du nerf optique à l’arrière de l’œil et peut rapidement causer des dommages irréversibles.

Il s’agit d’une urgence médicale, qui doit être examinée immédiatement par un ophtalmologiste. Les symptômes typiques sont une rougeur subite des yeux, des halos colorés autour des sources lumineuses et de fortes douleurs oculaires. Le globe oculaire est dur comme de la pierre et la crise s’accompagne souvent de forts maux de têtes, de nausées, voire parfois de vomissements. 

Symptômes du glaucome congénital 

Le glaucome congénital est extrêmement rare. Il apparaît dès les premiers mois de la vie et se manifeste par un larmoiement et une grande sensibilité à la lumière, ainsi que par des spasmes des paupières. La cornée peut être trouble et l’œil tout entier agrandi. Un traitement précoce est important pour éviter les dommages ultérieurs. 

Détection précoce des glaucomes 

Un glaucome peut être constaté au cours d’un examen de prévention ophtalmologique, même si la personne affectée n’en ressent pas encore les symptômes. Les principaux examens comprennent la mesure de la pression intraoculaire et la vérification du nerf optique et du champ visuel.

Les techniques les plus récentes permettent aussi de mesurer en trois dimensions les couches nerveuses de la rétine et du nerf optique. Cependant, quelle que soit la sensibilité de la technique de mesure employée, il est fréquent que jusqu’à 30 % des fibres nerveuses soient endommagées lorsque le diagnostic est posé.

Pour un diagnostic précis, il faut aussi inspecter l’angle irido-cornéen de l’œil. Le coût de ces examens n’est pris en charge par l’assurance-maladie obligatoire que s’il existe des raisons concrètes de suspecter un glaucome ou des facteurs de risque d’affections ophtalmologique, par exemple un diabète. 

Traitements possibles

Le glaucome à angle ouvert est incurable sur le principe car on ne peut pas réparer les dégâts déjà subis par le nerf optique. Cependant, si la maladie est décelée à temps, on peut encore réduire la pression intraoculaire pour freiner, voire stopper sa progression. On utilise pour cela des collyres à appliquer chaque jour. Des traitements par laser de faible puissance peuvent aussi être utilisés. Des contrôles réguliers chez l’ophtalmologiste permettent de vérifier régulièrement l’efficacité du traitement par les méthodes les plus récentes.  

Il peut arriver que le collyre ou le laser ne réduisent plus suffisamment la pression intraoculaire ou qu’il y ait des intolérances au traitement. Dans ce cas, il existe aussi une procédure chirurgicale minimal-invasive (trabéculectomie) pour faire baisser la pression.

En complément, des changements d’habitudes sont préconisés pour réduire le risque de glaucome à angle ouvert ou en freiner la progression. Une alimentation saine et équilibrée et la pratique régulière d’un sport d’endurance léger peuvent être bénéfiques pour la santé des yeux. La prise de certains compléments alimentaires peut aussi renforcer l’effet bénéfique d’un traitement. Il est conseillé impérativement d’arrêter de fumer car le tabagisme est un facteur de risque de maladies vasculaires, or celles-ci affectent aussi les yeux. 

Dans le glaucome à angle fermé, il est possible de prendre des mesures à l’avance pour prévenir les dommages causés par une crise aiguë. Si l’ophtalmologiste constate, à l’examen, une fermeture de l’angle irido-cornéen, il peut percer un petit trou dans le bord de l’iris à l’aide d’un laser. Cette intervention, rapide et indolore, élimine le risque d’une crise de glaucome. Il n’est généralement pas nécessaire de suivre un traitement à vie avec des collyres.

Vivre avec le glaucome

Les personnes atteintes de glaucome ont souvent très peur de perdre complètement la vue un jour ou l’autre. Il faut cependant savoir que cela n’arrive qu’à une petite fraction des cas de pression intraoculaire élevée. Des contrôles réguliers chez un ophtalmologiste peuvent vous permettre de vous rassurer. 

Si vous voulez réduire le risque de perdre la vue à cause de votre glaucome, vous avez aussi votre rôle à y jouer. Avant tout, il est impératif de respecter rigoureusement le traitement prescrit : les collyres ne sont efficaces que s’ils sont utilisés régulièrement et suivant les instructions du médecin.

En outre, il existe de nombreux moyens d’aider au succès du traitement dans la vie de tous les jours : réduire le stress, avoir une alimentation équilibrée et bouger suffisamment. Ces mesures ont un effet positif non seulement sur le glaucome, mais aussi sur les maladies systémiques telles que le diabète ou les troubles du métabolisme, qui peuvent accroître le risque de glaucome à angle ouvert. Vivre sainement, bien se nourrir, avoir une activité physique, tout cela peut aider à freiner ou même à stopper la perte du champ visuel.

Si votre champ visuel est déjà considérablement réduit, quelques changements dans le cadre de vie vous permettront de bien vivre malgré tout. Vous avez tout intérêt à adapter votre logement à vos nouveaux besoins, par exemple en installant des éclairages adéquats pour vous repérer plus facilement. Faites-vous de la place pour ne pas vous cogner par accident à des objets ou à des meubles. Vous pouvez conserver beaucoup de vos habitudes quotidiennes moyennant quelques aides, par exemple des loupes pour faire vos courses ou pour lire.   

Si la maladie pèse sur votre moral, échanger avec d’autres personnes affectées peut vous aider, parallèlement au traitement médical. Par exemple, il existe des forums consacrés à vos préoccupations sur Internet et des groupes d’entraide locaux. Parler franchement de vos inquiétudes et de vos craintes peut aider à vous sentir mieux et moins seul‧e face à la maladie.

Prévention et détection précoce

L’évolution d’un glaucome à angle ouvert est souvent insidieuse et la personne affectée met longtemps à s’en rendre compte. Le nerf optique perd de plus en plus de fibres et il est déjà très diminué quand les premières lacunes du champ visuel, appelées scotomes, deviennent perceptibles. L’apparition de scotomes signifie généralement que des parties importantes du nerf optique sont déjà détruites.  

Des examens réguliers chez l’ophtalmologiste sont donc importants pour reconnaître à temps le glaucome et éviter la perte d’autres fibres nerveuses, dans le meilleur des cas, ou du moins la ralentir. Ces examens préventifs doivent être effectués chaque année, en particulier, s’il existe une maladie créant un risque comme le diabète ou les troubles du métabolisme.

Comme le risque de glaucome augmente avec l’âge, une prévention spécifique est recommandée au plus tard après 40 ans, et même plus tôt s’il existe des antécédents familiaux. La prise en charge de cette prévention par les caisses dépend de nombreux facteurs. 

En outre, la meilleure prévention est une vie saine, avec une alimentation saine et variée, beaucoup de sport et peu de stress, de préférence sans alcool ni tabac. 

Questions fréquemment posées au sujet du glaucome

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